Mes filles et les écrans: changer de perspective

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Mes filles et les écrans: changer de perspective

En vous écrivant, j’ai sous les yeux une photo de bébé de ma plus vieille (maintenant 16 ans), en fond d’écran. Elle a un téléphone dans les mains… mais c’est un vieux sans-fil qui ne m’a jamais fait craindre pour sa santé physique ou mentale. Maintenant, avec la techno omniprésente, je fais une réelle fixation sur tout le temps que mes filles (la plus jeune a 13 ans) passent sur le Web et ce que ça implique pour leur développement.

Quand je m’attarde trop aux niaiseries qui défilent sous leurs yeux pendant des heures, je panique. Je deviens tyrannique: j’essaie encore de leur imposer des restrictions, de couper le Wi-Fi, d’asséner des «conséquences» pour non-respect des restrictions. Je dis des trucs complètement inutiles comme «Lâche ton bidule!» ou «Va jouer dehors!». Or, elles ne savent plus quoi faire sans leurs bidules, et il n’y a personne d’autre dehors. Résultat: elles se rebiffent et s’y conforment temporairement, élaborent des stratégies de contournement, puis on recommence.

Comme parent, nous voulons le bien de nos enfants, leur épanouissement. Je ne sais pas pour vous, mais moi, voir les miennes absorbées tant d’heures par ces écrans me fait penser à tout ce qu’elles ne sont pas en train de faire: bouger, interagir, se développer, créer, essayer de nouvelles choses. Qu’elles manquent d’innombrables occasions de se découvrir. La vraie vie, c’est en dehors de sa chambre, non?

Eh bien, pas complètement. À travailler sur la campagne PAUSE, j’ai appris (et je réapprends constamment) que ce monde hyperconnecté, c’est leur réalité et ce le sera toute leur vie. Elles développent d’autres habiletés, elles évoluent avec d’autres codes sociaux et elles apprennent à évaluer le contenu. En plus, quand j’y regarde de plus près, oui, certaines applications les font bouger (vidéos d’entraînement), interagir (Facetime, Instagram, etc.), apprendre, etc.

Alors j’ai changé ma perspective et j’ai décidé d’opter pour la conversation… plutôt que la confrontation!

Évidemment, je tiens à ce qu’elles prennent des pauses régulières et qu’elles aient un équilibre de vie, mais j’évalue beaucoup moins l’impact des écrans selon le temps qu’elles y passent. L’important pour nous, c’est qu’il y ait un équilibre avec tous les autres aspects de leur vie et que la vie familiale soit harmonieuse. Nous insistons sur la pratique d’une activité physique régulière et sur de bons résultats à l’école. Nous surveillons leur niveau d’énergie et leur moral. Aucun bidule n’est autorisé à table, et elles doivent s’arranger pour nous entendre quand on les appelle. Pour le reste, elles sont plutôt libres. Si la techno devient un obstacle à quelque chose, on discute en leur rappelant que des correctifs devront être apportés – par elles ou par nous!

À leur âge, c’est plus une question de leur apprendre à bien utiliser la techno que d’imposer des limites, même s’il faut en imposer. Dans le fond, notre rôle est de montrer à nos filles que bien utiliser Internet pour profiter de ses avantages sans ses désavantages, c’est de limiter le temps en ligne en prenant des pauses régulièrement, de varier ses activités, d’utiliser les écrans à des moments appropriés et de choisir des contenus de qualité. Je ne vous cacherai pas que nous avons assurément un travail à faire pour donner l’exemple – on y travaille!

Notre famille est loin d’être parfaite, mais au moins on parle des écrans et d’Internet plus ouvertement et positivement. Une belle façon d’avoir une meilleure connexion avec nos filles…

PAR

Patricia Bielmann

Maman de deux merveilleuses ados et conseillère principale chez Capsana